Séminaire à Grenoble du 12 au 14 mars 2019

  • Du 12 mars 2019 au 14 mars 2019
    false false

Du 12 au 14 mars 2019, l’équipe des chercheurs du projet SCAENA s’est rendue à Grenoble afin d’y réaliser une première étude de terrain.

Grenoble présente les caractéristiques d’une scène en construction. Tout au long du XXème siècle, la cité alpine s’est construite autour d’une identité technopolitaine très forte doublée d’une solide tradition d’expérimentation culturelle conduite par un certain nombre d’équipements emblématiques (Maison de la culture, Musée des Beaux-Arts, le Centre National d’Art Contemporain “Le Magasin”, etc.). Si les années 2000 ont donné lieu au rapprochement entre les sphères technopolitaine et culturelle autour des croisements Art/ Science, force est de constater que la scène artistique locale s’est développée à la marge voire en défiance de ces convergences institutionnelles au sein de deux quartiers : Berriat et Championnet. Ancien quartier industriel et ouvrier péricentral, Berriat est culturellement marqué par une forte tradition alternative, la grande vitalité de ses squats artistiques et une atmosphère bohème relayée localement par des formes renouvelées d’éducation artistique et populaire (grâce notamment à un dense tissu associatif). Il abrite un milieu créatif relativement bien structuré et visible dans l’espace public. A l’inverse, le quartier Championnet, marqué par une urbanisation post-haussmannienne et connu des grenoblois pour sa vie nocturne, est souvent qualifié de « boboland » dans la presse contestataire et présente bon nombre des caractéristiques du quartier gentrifié. Aujourd’hui identifié comme la vitrine des arts urbains grâce au “Street Art Festival” qui s’y déploie depuis 2015, le quartier se présente comme un espace de prototypage créatif et foisonne d’artisans, de petits commerçants, de galeries d’art et d’éditeurs spécialisés, de magasins de musique et d’ateliers d’artistes. Enfin, rappelons également que le cluster académique et scientifique, les pôles de compétitivité et la labellisation FrenchTech sont des marqueurs très forts de l’identité grenobloise

Ce séminaire a donc été l’occasion d’étudier de plus près les caractéristiques d’une scène en construction. L’après-midi du 12 mars a été consacrée à un séminaire épistémologique sur les concepts d’ambiance et atmosphère ainsi qu’à l’étude culturelle de Grenoble. La journée du 13 mars a permis une exploration du quartier Berriat puis des scènes street art et numérique de la ville. Enfin, la journée du 14 mars a été l’occasion d’évoquer d’autres terrains internationaux (Salvador au Brésil, St Pétersbourg, Berlin et Austin au Texas) et de formaliser une méthodologie pour la scène perçue.


Au terme de ces trois jours, l’équipe s’est accordée sur les 4 niveaux d’analyse d’une scène :

  • La scène vécue, celle qui est vécue par les acteurs d’un domaine artistique donné organisés en réseau (scène musicale, de street art…)
  • La scène éprouvée, celle qui est éprouvée par les habitants du territoire à travers des ambiances et atmosphères spécifiques.
  • La scène construite, celle qui résulte des stratégies d’acteurs (sous la forme d’action collective) destinées à rendre cette scène visible
  • La scène racontée (ou perçue, ou représentée) ; celle qui est perçue et qualifiée par des acteurs extérieurs au territoire, dans les réseaux sociaux, les médias…)


Chacune de ces facettes d’une scène nécessite une approche méthodologique spécifique.

Une scène est le résultat d’une coproduction entre des acteurs, des populations et des institutions qui échappe aux oppositions classiques entre sujet et objet, offre et demande, et constitue un espace privilégié de bricolage, de test et d’expérimentation, etc.
Une scène se caractérise spatialement par les dimensions morphologiques et physiques de l’espace construit.

Mis à jour le 16 octobre 2020.