Séminaire de terrain à Nantes / Vidéo de l’intervention de Céline Redureau à Pol’n

  • Le 21 novembre 2019
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Le 21 novembre 2019, les chercheurs de SCAENA se sont rendus à Pol’n, dans le quartier des Olivettes à Nantes, et y ont rencontré Céline Redureau, la coordinatrice de Pol’n, pour une présentation de cette structure.

Dans son intervention Céline Redureau rappelle la création du collectif Pol’n ainsi que son installation dans le quartier des Olivettes.  Elle détaille également le projet politique et culturel – lieu d’expérimentation et de mutualisation pluridisciplinaire -, ainsi que la gestion administrative et financière de l’association. Elle aborde, enfin, les liens du collectif avec le quartier qui l’accueille.



Céline Redureau commence par rappeler l’histoire du lieu occupé aujourd’hui par Pol’n puis présente l’association. Pol’n naît en 2000 et s’installe d’abord dans le quartier Malakoff à Nantes. L’idée de cette association vient d’un collectif d’artistes et de chercheurs en sciences sociales qui formulent du terrain le constat que les acteurs culturels sont isolés dans leurs disciplines, que les artistes peuvent difficilement accéder à des équipements culturels leur permettant de présenter leurs travaux à un public, et qu’il existe un certain isolement de chacun dans sa discipline. Ce collectif s’installe donc d’abord à Malakoff puis dans le bâtiment d’aujourd’hui.

L’association partage au début les lieux avec la ville de Nantes (expositions d’arts plastiques au rez-de-chaussée et bureaux à l’étage pour les associations, qui peuvent aussi présenter des formes artistiques). La cohabitation étant difficile, l’association Pol’n s’installe complètement dans le lieu. L’architecture – un grand espace vide au rez-de-chaussée et des bureaux à l’étage – a ensuite dicté les projets. Le grand espace vide au rez-de-chaussée permettait d’accueillir des créations, des résidences ou des répétitions, tandis que les bureaux se situaient à l’étage. La coexistence de bureau/lieu de création ne fonctionnant pas tout à fait, le choix s’est plutôt porté sur un accueil en soirée des créations. Aujourd’hui, Pol’n se présente donc plus comme un lieu administratif qu’un lieu de création.

Le collectif n’accueille que des associations artistiques et culturelles pluridisciplinaires (cinéma, spectacle vivant, arts plastiques, édition). Le soir, ponctuellement, on met le rez-de-chaussée à disposition d’artistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, mais aussi des chercheurs pour présenter une conférence, des associations militantes, sur des propositions plus proches de l’expérimentation : des artistes qui souhaitent présenter un travail en cours qui n’est pas fini mais qui a besoin de se tester en public, des jeunes équipes qui ont peu de facilité pour accéder à d’autres équipements culturels pour des premiers travaux, des premières de spectacle, des sujets pas simples à traiter dans des scènes conventionnelles, autour des thématiques de genre, de discrimination raciste, etc. Il peut ainsi s’agir de formats particuliers ou de thématiques peu abordées, présentées ici car le lieu n’est pas estampillé « spectacle » ou « lieu d’exposition », et car l’espace brut du lieu peut changer du tout au tout.


Conçu en complémentarité des autres lieux de diffusion, Pol’n est aujourd’hui géré par 12 associations qui en choisissent la programmation. Des équipes artistiques extérieures comme les associations peuvent y présenter leurs travaux. Le projet repose sur un engagement bénévole énorme qui permet la présentation des projets.

Céline Redureau explique également la gestion administrative financière du collectif Pol’n. Ainsi, la commission de l’association fait un appel aux associations volontaires pour intégrer le collectif, la sélection se fait sur dossier, et le conseil d’administration prend la décision finale. Pol’n est autofinancée à 75% : la ville de Nantes prend en charge 90% du loyer et paie les fluides. Au total, la ville apporte une aide à hauteur de 80K€ par an en plus de 8000€ de subvention de fonctionnement auxquels s’ajoutent 8000€ de subvention de fonctionnement apportée par la région. Puis, Pol’n bénéficie d’aides ponctuelles aux projets. Chaque association se voit facturer le loyer et une partie de charges (salaires, charges de fonctionnement). Pour les événements, les lieux ainsi que le matériel appartenant à Pol’n sont mis à disposition gratuitement aux artistes ou intervenants.

Le fait d’être localisé dans le quartier des Olivettes est important. A l’occasion de la nécessité de mener des travaux de mise en sécurité il y a quelques années, la ville de Nantes a proposé  à Pol’n de s’installer dans une ancienne caserne militaire vers le quartier St Donatien, avec l’idée de créer une friche artistique et culturelle. Le projet n’a pas abouti et l’association Pol’n reste attachée au quartier des Olivettes, qui a une identité forte par sa diversité et son histoire (diversité des acteurs, des habitants, des associations). Le collectif Pol’n est assez identifié par les habitants plus anciens mais peu par les nouveaux ; certains assistent aux événements mais ils ne sont pas investis dans la vie associative. Céline Redureau rappelle enfin qu’il est important d’avoir des lieux atypiques dans le centre de Nantes comme Pol’n, qui est aussi en lien avec d’autres acteurs du quartier, surtout pour l’organisation d’événements.
Enfin, Pol’n est aussi un collectif avec un projet politique solidaire et militant qui se veut espace libre d’expression et qui traite des questions de société : culture queer, féminisme, bien qu’il n’y ait pas d’engagement dans des causes au nom du collectif. On n’assiste pas pour autant à des rencontres ou une opposition entre Pol’n et des autres acteurs du quartier. Pourtant, selon Basile Michel, si Pol’n venait à quitter les lieux, d’autres acteurs pourraient y être sensibles, au vu de l’importance du lieu au cœur du quartier.


SCAENA remercie vivement Céline Redureau pour son intervention dans le cadre de ce séminaire de terrain.

Lien vers le site de Pol’n
Mis à jour le 16 octobre 2020.